Je me suis sentie seule tout au long de la maladie de ma mère. Très vite, je me
suis retrouvée aidante car mon père était dans le déni de sa maladie. A m’investir dans les tâches ménagères, à m’occuper de mes petits frères, à soutenir ma mère. Sans arme, sans connaissance, sans aide, sans référent. Même mes profs fermaient les yeux. Jamais aucun soignant, ni médecin qui suivaient ma mère ne se sont posé la question de m’aider. J’étais l’aidante naturelle. Sans oublier les phrases
faciles, culpabilisantes de l’entourage du style « Laisse tomber, c’est pas à toi de gérer ça » ou au contraire « C’est toi l’aînée, c’est ton fardeau ». Mais c’est impossible pour moi, je ne peux pas l’abandonner. Même si, au quotidien, c’est devenu rapidement un poids dans tous les sens du terme. Comme on nous aide pas, on peut devenir dur, maltraitant jusqu’à retourner sa colère contre soi. Aujourd’hui ma mère va mieux psychologiquement. Elle est aidée chaque semaine par des professionnels. On commence à sortir de l’enfer. J’ai l’impression de retrouver ma mère et de reprendre ma place d’enfant, à 26 ans. Le plus fou dans tout ça c’est que ma mère est devenue mon aidante pour perdre du poids. Aujourd’hui, c’est à moi de me construire.